Biographie de Jean Catoire par Catherine Catoire

Catherine Catoire | Malcom Bruno | Denis Havard de la Montagne | Nicolas Bacri


Jean Catoire (Paris 1923-2005) compositeur.

   Jean Catoire est né le 1er avril 1923, à Paris mais fut imprégné toute son enfance par la culture de l’immigration russe. Sa famille, qui vécut à Moscou jusqu’à la Révolution de 1917 aimait et pratiquait la musique. Ainsi ses deux parents, ses oncles et tantes jouaient du piano et du violon ; quant à son grand-oncle Georges Catoire (1861-1926), il enseigna la composition au Conservatoire Tchaikowsky de Moscou et fut un compositeur connu en Russie.

   Jean Catoire reçut très jeune un enseignement musical au Conservatoire Serge Rachmaninoff à Paris avec l’épouse du violoniste Julius Conus. Mais il ne montra pas beaucoup d’intêret pour ces cours qui ne correspondaient pas avec ce qu’il ressentait lorsqu’il entendait de la musique.

Jean Catoire

   Une première expérience l’a, en effet, beaucoup marqué, lorsque, à l’âge de sept ans, il entendit ses parents jouer à quatre mains le premier mouvement de la Première Symphonie de Schumann. Ce fut un grand retournement, le plus grand retournement de sa vie, dira-t-il : “je voyais comment le monde cosmique se développe et grandit, comment les éléments du langage sonore se résolvaient, se concrétisaient en des rapports premiers non matériels non sonores, comment les éléments et les masses anté sonores étaient perceptibles dans l’organisation de leur rapports respectifs en une progression unique, non visible, mais omniprésente...”.

   Quelques années plus tard, c’est avec sa tante Valentine Catoire, née Kastorsky, fille d’un musicologue et chef d’orchestre et nièce du célèbre chanteur de l’opéra de Saint-Pétersbourg, la basse Vladimir Kastorsky, qu’il repris le piano avec davantage d’intérêt. Celle-ci avait étudié le chant, le piano et l’art dramatique au Conservatoire Tchaikowsky de Moscou et était très musicienne. Tous deux jouaient à quatre mains. Il aimait aussi accompagner au piano son cousin qui était un bon violoniste.

   Mais c’est au mois de juin 1943 qu’un évènement inattendu le conduira sur le chemin de la composition : alors qu’il se trouvait face à l’Eglise d’Auteuil, il vit, dans les hauteurs, la présence le l’anté-sonore, présence qu’il décrira ainsi “elle occupait une large partie du champ visuel, sans toutefois rien diminuer de la perception matérielle, en l’occurence le haut du porche et la façade de l’église. Cette présence demeurait immuable et non sonore et le son non sonore était son entière manifestation. En son immutabilité originelle demeurait le mobile de ses ultérieures manifestations, celles-ci encore non sonores en l’absolu”. C’était la première fois qu’il voyait ainsi l’archétype anté sonore, se rapportant à une “localisation personnelle”.